Migrants subsahariens suivis pour le VIH en France: combien ont été infectés après la migration?
Estimation dans l’étude ANRS-Parcours
Les données épidémiologiques disponibles suggèrent qu’une part importante des migrants d’Afrique subsaharienne qui vivent avec le VIH en Europe ont été infectés après leur arrivée, sans que cette proportion soit précisément connue.
L’estimation de la proportion de migrants subsahariens qui ont acquis le VIH après leur arrivée en France, a été possible en combinant les données biographiques et cliniques recueillies au sein d’un échantillon représentatif de patients nés en Afrique subsaharienne et suivis pour une infection à VIH dans les hôpitaux d’Île-de-France.
L’infection était considérée comme acquise en France si l’un des critères biographiques suivants était rempli :
1) une durée de séjour en France avant le diagnostic d’au moins 11 ans,
2) un test VIH négatif après l’arrivée en France,
3) le premier rapport sexuel après l’arrivée en France.
Lorsque aucun de ces critères n’était rempli, la durée depuis la contamination était estimée à partir de la première mesure des CD4 en utilisant un modèle statistique de déclin des CD4. Cette durée a été estimée 500 fois pour chaque enquêté. Parmi 898 adultes infectés par le VIH nés dans un pays d’Afrique subsaharienne, l’étude estime que 49% [IC95%:45-53] d’entre eux en scénario médian et 35% [31-39] en scénario conservateur ont acquis le VIH après leur arrivée en France. Cette proportion était plus basse pour les femmes que pour les hommes (30% [25-35] vs.44% [37-51] dans le scénario conservateur) et augmentait avec la durée du séjour en France.
Au vu de cette proportion importante de migrants d’Afrique subsaharienne infectés par le VIH après la migration, il apparaît nécessaire d’améliorer la prévention dans ce groupe de population et, pour cela, de mieux comprendre les déterminants de ces infections survenues en France.
Toute l’étude : Bulletin épidémiologique hebdomadaire – Décembre 2015